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eden-sur-seine
5 mars 2007

Première page

A force d'évoquer politique, féminisme et autres interrogations sociales, j'en viens à oublier qu'Eden-sur-Seine est avant tout un roman d'amour.

Et comme tout roman, il a une première page :

sisypheLe soleil illuminait une arabesque de poussières en suspension. Les yeux entrouverts, Absinthe savourait ce spectacle qui, loin de lui rappeler le caractère à jamais inachevé des travaux ménagers, la ramenait à l’émerveillement de son enfance. Les rayons fusaient des persiennes comme autant de fragments du Paradis. Sisyphe pouvait maudire sa pierre ménagère, Absinthe n’en avait cure. Cela faisait quelques minutes déjà qu’elle se retournait sous la couette, à la recherche de ces si précieux instants de demi-sommeil où les rêves pouvaient prendre la douceur des poésies apocalyptiques. Elle savait pourtant sa lutte vaine.
- Ton café, tu le veux noir ou avec du lait ?
La voix qui l’avait questionnée avait une douceur épicée. Se redressant d’un bond, elle ouvrit les yeux. Cendrine était assise sur le rebord du lit, un plateau sur les genoux, les cheveux emmêlés et les yeux pétillants.
- Alors, ce café : noir ou crème ?
La chambre n’était pas la sienne, la couette non plus. Cendrine n’attendit pas la réponse et se mit à servir un café noir dans un mug aux couleurs arc-en-ciel. Elle le lui tendit sans un mot, posa le plateau sur un tabouret, esquissa un baiser et alla ouvrir en grand les volets. Aveuglée par la lumière, étourdie par la soudaineté du réveil, Absinthe s’adossa au mur et but en silence quelques gouttes de café. Elle remarqua que Cendrine boitait légèrement. La première fois qu’elle l’avait vu, elle avait songé à une héroïne de Manara. Ce détail donnait un peu d’humanité à cette plastique trop parfaite. Cendrine se servit à son tour et, contournant le lit, glissa ses jambes sous la couette. La peau de Cendrine était blanche presque transparente. Elle but au même rythme qu’Absinthe. Les coudes sur les hanches et les mains arrondies sur leur mug, elles restèrent quelques minutes silencieuses. Peu à peu des images de la nuit revenaient.

N.B. Ceci est un extrait du fichier word, donc avant relecture éditoriale par Punctum et votre serviteur. La version définitive dans toutes les bonnes librairies et sur le lien de ce blog !

Olivier


 

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